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Une petite expérience sur la ventilation

La qualité de l’air intérieur est essentielle pour la santé des occupants. Les polluants intérieurs sont nombreux (humidité, CO2, CO, formaldéhyde, COV …) et peuvent avoir des impacts assez grave sur la santé ou la pérennité du bâtiment :
– humidité : moisissures (et émissions de spores), acariens et bactéries, dégradation des matériaux, …
– CO2 : endormissement, fatigues chroniques, maux de tête, …
– CO : mortel
– Formaldéhyde et COV : irritations, asthme, neurotoxiques, cancérogènes, …

Beaucoup de personnes pensent qu’une VMC n’est pas nécessaire pour assurer une bonne ventilation et que cela peut se faire via l’ouverture des fenêtres. Cependant, l’expérience montre que c’est très rarement le cas. En effet, cela nécessite d’ouvrir ses fenêtres très régulièrement, y compris par temps froid, ce que personne ne fait réellement. Différentes expériences ont montré qu’une bonne qualité d’air nécessitait d’ouvrir toutes ses fenêtres pendant 5 minutes toutes les deux heures. C’est déjà très contraignant en journée, alors autant dire que la nuit, ce n’est pas envisageable.

Etat initial

L’auteur de ces lignes vit dans un appartement sans VMC mais avec une ventilation naturelle par conduit individuel.
Voici l’état des lieux de la ventilation de l’appartement lors de l’acquisition :
– extraction par tirage thermique par conduit dans la cuisine
– pas d’extraction en salle de bain ni en WC
– pas d’entrées d’air sur aucune menuiserie (menuiseries double vitrage PVC étanches)
– portes intérieures suffisamment détalonnées
– porte palière très peu étanche

C’est une situation que l’on rencontre assez couramment dans les copropriétés tant le manque de formation sur la ventilation des menuisiers est important. Pour rappel, la présence d’entrées d’air sur les menuiseries posées dans les pièces de vie est OBLIGATOIRE. Tout artisan qui aura posé une menuiserie sans entrée d’air dans une pièce de vie pourra être attaqué en justice par son client, la RT Ex (Réglementation Thermique dans l’Existant) est extrêmement claire à ce sujet.

Appartement - Situation initiale

C’est une situation très insatisfaisante : l’air est extrait en cuisine, mais l’air neuf n’a la possibilité d’entrer que par la porte palière. Le flux d’air ainsi créé ne passe que par le couloir et la cuisine, et ne ventile pas la salle de bain, les WC, le séjour et la chambre. En fait, cette ventilation n’a qu’une seule utilité : évacuer l’humidité générée en cuisine.

Ventilation - Flux d'air initial

L’humidité de la salle de bain et des WC est évacuée par ouverture des fenêtres. Mais il reste que le salon et la chambre ne sont pas ventilés. Cela ne pose pas de problèmes au niveau de l’humidité, mais il est un polluant qu’il est impossible d’éviter lorsqu’on est présent, vu que c’est nous même qui le générons : le CO2.
Un capteur de CO2 a donc été installé dans la chambre pour étudier la variation du taux de CO2 la nuit :

Taux de CO2 - Chambre
Taux de CO2 - Chambre (zoom)

On constate que le CO2 est un excellent marqueur de présence (on ne dira pas où l’auteur a dormi mardi soir, mais il est certain que ce n’était pas chez lui) et qu’il grimpe régulièrement pendant la nuit, atteignant 2000 ppm le matin au réveil.
Un taux de 2000 ppm, si il n’est pas dangereux, est tout de même déconseillé car il entraine un sommeil moins réparateur, des maux de tête au réveil, etc …

Première rénovation

Deux mesures simples et peu onéreuses ont donc été prises pour améliorer la situation :
– réparation de l’étanchéité de la porte palière (pose d’un joint – 10 €)
– perçage des mortaises dans les menuiseries et pose d’entrées d’air sur la menuiserie la plus éloignée du salon et celle de la chambre (2 entrées d’air : 10 €)

Le flux d’air a donc été modifié ainsi :

Ventilation - Flux d'air final

Et voici l’impact sur les taux de CO2 dans la chambre :

Taux de CO2 Chambre final
Taux de CO2 Chambre final zoom

Le taux de CO2 ne dépasse plus 1000 ppm la nuit, ce qui est satisfaisant en terme de qualité d’air. Ainsi une opération très simple et vraiment peu chère peut améliorer considérablement la qualité d’air d’un logement.

Limites

Il reste néanmoins de gros points non traités dans cet exemple : la salle de bain et les WC ne sont toujours pas ventilés (autrement que par ouverture des fenêtres), et surtout, l’extraction reste toujours très dépendante des conditions météorologiques extérieures : en effet, c’est la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur qui créé le mouvement d’air d’extraction, elle est donc d’autant plus importante qu’il fait froid dehors (elle était en moyenne de 3°C lors des courbes ci dessus)

On peut voir sur la courbe ci dessous que dès que la température extérieure augmente (environ 12 °C), le débit de ventilation diminue et le taux de CO2 monte à un peu plus de 1200 ppm :
Taux de CO2 Chambre final - 12 °C

Pour aller plus loin, il serait nécessaire de percer le mur entre la salle de bain et le conduit et d’installer un caisson d’extraction mécanique en haut du conduit de ventilation pour s’affranchir des conditions météorologiques.

Si cette expérience vous a intéressé, Savoie Eco’Logis Conseil réalise des diagnostics de qualité d’air intérieur