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A partir du 1er juillet, il sera interdit d’installer ou de remplacer un équipement de chauffage au fioul ou au charbon. Il sera cependant toujours possible de continuer à utiliser et entretenir des installations existantes.

Il faudra donc trouver des énergies alternatives pour remplacer les installations fioul existantes : bois, réseau de chaleur, pompe à chaleur, gaz, biofioul …Il existe néanmoins des dérogations pour les cas où il n’y a ni réseau de chaleur, ni réseau de gaz, et que le réseau local d’électricité n’est pas assez puissant pour installer une pompe à chaleur.

La pompe à chaleur est une candidate intéressante pour remplacer le fioul (et la stratégie nationale bas carbone compte beaucoup dessus) pour plusieurs raisons : efficacité énergétique, faibles émissions CO2, fonctionnement automatique, facilité de remplacement … Il faut néanmoins faire attention à plusieurs facteurs car une pompe à chaleur ne fonctionne pas du tout comme une chaudière ou comme une résistance électrique, et la pompe à chaleur n’est pas forcément la meilleure solution pour remplacer du fioul (le bois peut être une excellente alternative en zone rurale, les réseaux de chaleur également en zone dense)

Une pompe à chaleur prélève de la chaleur de l’environnement (l’air extérieur dans le cas d’une aérothermie, le plus courant) et la transfère dans le bâtiment via le système de chauffage. Pour réaliser ce transfert, elle consomme de l’électricité au niveau du compresseur.

La performance d’une pompe à chaleur est appelée le COP : c’est le rapport entre la chaleur fournie et l’électricité consommée. Une machine avec un COP de 4 produit 4 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommé. C’est donc beaucoup plus intéressant que le chauffage électrique classique par effet joule. Cette valeur de COP est donc absolument cruciale pour l’efficacité de la machine.

Le COP est dépendant de la qualité de la machine, mais il est surtout dépendant des conditions de fonctionnement. Plus il fait froid dehors, plus le COP est faible. Plus on cherche à fournir de l’eau à haute température (radiateur fonte par exemple) plus le COP est faible également. A l’inverse, plus il fait doux dehors, et plus on fournit de l’eau à basse température (plancher chauffant), plus le COP est élevé. Ce paramètre peut énormément varier selon les conditions (il peut être divisé par 3 dans de mauvaises conditions !)

Ci joint un exemple de tableau des performances d’une PAC basse température classique. A 7°C extérieur et de l’eau demandée à 35°C (pour un plancher chauffant par ex.), le COP est de 4,02 ce qui est excellent (les machines actuelles font encore mieux, mais c’est pour l’exemple). Si au lieu d’un plancher on avait des radiateurs moyenne température à 55°C, toujours à 7°C extérieur, on aurait un COP de 2,45. C’est toujours mieux que du chauffage électrique qui est à 1 pour 1, mais c’est quand même nettement moins intéressant, on consomme 50 % d’énergie en plus pour chauffer le même bâtiment dans les mêmes conditions extérieures ! Et si on avait des radiateurs fonte haute température à 70°C, et bien … cette machine ne pourrait même pas fonctionner car elle ne peut pas fournir de l’eau à plus de 55°C. Il serait donc impossible de chauffer correctement le bâtiment, et cela nécessiterait une PAC haute température spéciale, plus chère.

La problématique de remplacer le fioul par des PAC est que les chaudière fioul sont souvent installées dans des maisons des années 1945 à 1990, pas ou mal isolées, avec des radiateurs haute température (le plancher chauffant basse température s’est généralisé plus tard).

Ce ne sont pas les conditions optimales pour remplacer la chaudière par une PAC pour 2 raisons :
– comme vu précédemment, les radiateurs fonctionnent plutôt à haute ou à moyenne température, ce qui dégrade le COP de la machine.
– une maison mal isolée a des déperditions élevées, ce qui nécessite une puissance de chauffage importante. Pour une chaudière, ce n’est pas très important en soi, parce qu’une chaudière de 10 kW, 20 kW ou 30 kW, ça ne change pas grand chose en terme de technique et de prix. Par contre, une PAC haute puissance de 30 kW coute beaucoup beaucoup plus cher qu’une PAC de 10 kW. Une PAC de 30 kW nécessite également un abonnement électrique élevé (donc cher)

Heureusement, il y a une solution magique qui peut en grande partie résoudre ces deux problèmes d’un coup : l’isolation !
– l’isolation peut réduire très fortement les déperditions d’un bâtiment. Quand on part d’un bâtiment pas du tout isolé, avec une rénovation ambitieuse, on peut tout à fait envisager une division par 3 ou 4 des déperditions. Voilà qui résout le problème des PAC haute puissance et de l’abonnement électrique.
– mais là où c’est également très intéressant, c’est qu’en réduisant les déperditions de notre bâtiment, le système de radiateurs existant qui était adapté aux anciennes déperditions va se retrouver surdimensionné, et ça c’est quelque chose qu’on peut utiliser à notre avantage. La quantité de chaleur qu’un radiateur diffuse (ou un plancher chauffant, …) est proportionnelle à la surface d’échange et à la température de l’eau qui circule dedans (c’est pour cette raison qu’un plancher chauffant qui a une grande surface d’échange a besoin d’une température d’eau plus basse). Avec nos anciens radiateurs désormais surdimensionnés, on va pouvoir baisser la température d’eau circulant à l’intérieur pour s’adapter aux nouvelles déperditions, et augmenter ainsi notre COP.

L’isolation est donc une merveilleuse alliée de la pompe à chaleur qui permet d’économiser de l’énergie de 2 manière différente en même temps :
– réduction des pertes de chaleur (ça c’est assez intuitif pour de l’isolation, et ça fonctionne avec tout type de chauffage)
– augmentation du COP via une réduction de la température d’eau nécessaire dans les radiateurs (et ça c’est spécifique aux PACs)

Je conseille ainsi très fortement aux gens qui veulent remplacer leur chaudière à fioul par une PAC de ne pas raisonner en mode « je remplace mon fioul par une PAC à l’identique » mais de raisonner de manière globale, en embarquant dans la réflexion l’isolation, les menuiseries, l’étanchéité, la ventilation …

Les investissement initiaux seront plus élevés mais le coût global sera beaucoup plus faible, notamment parce que vous pouvez économiser pas mal sur le coût de la PAC, et qu’ensuite ce sera beaucoup moins cher en fonctionnement.

C’est un vrai gâchis d’installer une PAC haute température haute puissance sur une maison non isolée, alors qu’une PAC moyenne ou basse température et basse puissance aurait pu suffire si de l’isolation avait été embarquée.

Pour avoir cette réflexion globale, faire les calculs de puissance, calculer quelle température il faudra dans vos radiateurs après isolation, vous pouvez vous faire accompagner par un bureau d’étude. Faire un audit énergétique, ce n’est pas un gros budget, il y a des subventions pour ça, et ça pourra vous faire économiser beaucoup d’argent d’éviter les erreurs et d’avoir cette vision globale (et en plus l’audit pourra vous renseigner sur les aides financières qui existent)