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Avec la nouvelle réglementation thermique, il est désormais obligatoire de fournir une attestation de prise en compte de la RT lors du dépôt de permis de construire, faute de quoi le permis est rejeté. Pour mémoire, cette attestation se génère automatiquement en ligne sur le site www.rt-batiment.fr, mais il faut pour cela uploader la synthèse du calcul du Bbio et qu’il soit conforme.

Le Bbio, kézako ?

Le Bbio signifie Besoin Bioclimatique, c’est un indicateur de performance du bâtiment, indépendant des systèmes de chauffage, d’eau chaude et de ventilation qui seront installés. Il doit être inférieur à une valeur maximum Bbiomax.
Cet indicateur intéresse beaucoup les professionnels du bâtiment car il s’agit du premier obstacle à franchir pour être conforme à la RT 2012, et il s’agit du point ayant le plus d’influence sur la conception générale du bâtiment. Je vais donc essayer d’expliquer un peu comment fonctionne le Bbio, attention article un peu technique !

Le Bbiomax

Voici sa formule de calcul :

Bbiomax = Bbiomax moyen x ( Mbgéo + Mbalt + Mbsurf )

Le Bbiomax moyen dépend des typologies de bâtiment.
Par exemple, pour une maison individuelle non climatisée, il est de 60 points, modulé par la zone géographique, l’altitude et la surface du logement (les petites surfaces ont un bonus, les grandes surfaces ont un malus)

Le Bbiomax moyen est de 60 pour une maison individuelle non climatisée, et de 80 pour une maison individuelle climatisée (uniquement si elle en a  » vraiment besoin », donc si elle est en zone chaude H2 ou H3, avec une altitude < 400m et dans une zone plutot bruyante qui interdit le refroidissement par ouverture des fenêtres la nuit)
Le Mbgéo est une modulation suivant les zones géographiques
Le Mbalt est une modulation suivant l’altitude
Ces deux modulations sont assez connues car similaires à celles de la RT2005
Le Mbsurf est nouveau par contre et c’est une très bonne innovation de la RT 2012 : il s’agit d’un coefficient qui essaye de corriger « l’injustice du calcul par m² ». En effet, tous les indicateurs de performance max de la RT se calculent par m², ce qui désavantage mécaniquement les petites surfaces et avantage les grandes. Voici les valeurs de ce coefficient selon la surface du logement :

Mbsurf Bbio

Le Bbio

Le Bbio synthétise trois besoins liés au bâtiment : les besoins de chauffage, de climatisation et d’éclairage. Il ne prend pas en compte les besoins d’eau chaude sanitaire, car on peut considérer que le bâti n’aura que très peu d’influence sur ceux ci.

Bbio = Besoin Chauff x2 + Besoin Clim x 2 + Besoin Eclairage x 5

Avec évidemment Besoin Clim = 0 si le bâtiment n’est pas refroidi.

Et là on se dit : quelle formule étrange, pourquoi pondérer les besoins avec des coefficients différents suivant l’usage ?
Puis on se dit qu’on se trouve avec un ratio de 2,5 entre les besoins d’éclairage et les besoins de chauffage, ce qui rappelle étrangement le 2,58 de conversion entre l’énergie finale et l’énergie primaire pour l’électricité. En effet, le besoin d’éclairage sera forcément satisfait par une consommation électrique, ce qui n’est pas le cas du chauffage.
Mais du coup, cela signifie que cet « indicateur de besoin » se préoccupe déjà de la manière dont on va y répondre. C’est donc à moitié un indicateur de consommation, preuve que la RT 2012 n’a pas encore complètement franchi le pas vers la philosophie de la sobriété.

L’unité

Le Bbio se calcule en points, et non en kWh/m², justement à cause de ces coefficients différents selon les besoins. Enfin, pour moi, cela ne justifiait pas de s’embêter avec des « points » qui ne parlent à personne, et on aurait tout à fait pu parler du Bbio en kWh/m² de besoin, même si il s’agit de kWh pondérés. L’avantage, c’est qu’un kWh, tout le monde voit ce que c’est.

Comment avoir un beau Bbio ?

C’est bien joli toutes ces formules et toutes ces unités, mais ça ne nous dit pas comment faire pour avoir un bon résultat et un bâtiment conforme.

Le Bbio s’inspire beaucoup de la philosophie du bioclimatisme, et par sa méthode de calcul indépendante des systèmes, il va pousser à réfléchir beaucoup plus à la conception du bâtiment et à son intégration dans l’environnement, ce qui est une très bonne chose :

  • La zone géographique, l’altitude
  • La forme et l’orientation du bâtiment
  • La quantité d’ouvertures et leurs orientations
  • L’inertie du bâtiment
  • Le niveau d’étanchéité à l’air
  • L’isolation des parois opaques (murs, planchers, toits)
  • La performance des menuiseries (isolation, facteur solaire et protection)
  • Les ponts thermiques

Tous ces éléments doivent être réfléchis le plus tôt possible, en amont du dépôt de permis de construire. Plus vous vous mettrez en relation tôt avec votre bureau d’étude, plus vous aurez de leviers que vous pourrez actionner pour augmenter la performance de votre projet.
A l’inverse, si vous avec déjà dessiné tous vos plans, que vous êtes prêt à poser le permis, et que vous vous dites : « Ah mince, il faut calculer le Bbio, vite un bureau d’étude qui m’expédie ça vite fait, et je pose mon permis », cet indicateur n’aura pas servi à grand chose, juste à éviter les projets sous isolés.
Donc, (je ne le répéterai jamais assez ;-)), réfléchissez à la performance énergétique dès le début du projet, et si nécessaire, faites vous accompagner dès le début par un professionnel de la performance énergétique.

Quelques critiques

Le Bbio est une excellente idée de la RT2012, qui va éliminer les plus mauvaises conceptions et les projets sous isolés.
On peut cependant lui adresser quelques critiques : pour un indicateur du bioclimatisme, on peut regretter qu’il ne prenne que pas assez compte de l’environnement autour du bâtiment : pas d’albédo, mauvaise prise en compte du vent …
Et bien sur, aucune personnalisation de l’utilisation du bâtiment.

Ces critiques sont justes, mais il ne faut pas oublier qu’on reste dans du calcul réglementaire : le calcul s’attache au bâtiment, pas aux personnes qui y vivent et qui peuvent changer le long de la vie du bâtiment.
C’est pour cela que le Bbio ne fera jamais un bon outil d’optimisation énergétique de conception ou  de prévision de consommation (et il n’est pas fait pour cela). Si vous souhaitez faire de l’optimisation de conception avec une ambition de performance, la simulation thermique dynamique reste un bien meilleur outil.